SOOZIE TYRELL
Notre coup de coeur.

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République TRAMPS LIKE US
Nom Tyrell (kirschner)
Prémon Soozie
Date de naissance 4 Mai 1957
Lieu de Naissance Pise (Italie)
Nationalité Américaine
Père Américain
Mère Française (née en France)
Instruments pratiqués Date d'entrée dans le E Street Band 30 juillet 2002 Date du début de la Tournée mondiale The Rising Tour
Violon, claviers, guitares, chant...

 

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WHITE LINES : "Soozie Tyrell a été l'un des joyaux les mieux cachés du milieu des musiciens de New York et du New Jersey depuis longtemps . Cette année elle apporte la beauté de sa voix et de son violon au E Street Band . Avec "WHITES LINES", elle sort de l'ombre et brille de par elle-même . Prêtez-y attention !" - Bruce Springsteen.

Son histoire

Soozie Tyrell est née le 4 Mai 1957 au alentours de Pise en Italie. Elle a ensuite beaucoup voyagé à travers le monde , son pére étant militaire.
Elle commencé par apprendre à jouer de la guitare, et alors qu'elle était prés de Boston, elle a eu l'opportunité d'apprendre le violon dans un programme à l'école, depuis elle n'a jamais abondonnée cet instrument... pour notre plus grand plaisir à tous

Sa carrière
Ces différentes participations.......................

Bien qu'elle ait été appellée par Bruce en 1988 pour une éventuelle participation sur l'album "Tunnel of Love" , elle ne participe vraiment à un album qu'en 2002 pour The Rising .
Elle y participe sur les titres suivants :
-"Lonesome day", "Into the Fire", "Waitin' on a Sunny Day", "Let's Be Friend (Skin to Skin)", "The Fuse", "Mary's Place", "You're Missing", "The Rising", "My City Of Ruins" au violon
"Worlds Apart" au violon et background vocals

Son Rôle apparait incontournable alors de la tournée The Rising, le violon

Dernière arrivée au sein de du "E Street Band"


Connaissez vous le film "musique au coeur " avec Meryl Streep ? C'est l'histoire d'une femme musicienne, violoniste, qui devient professeur de violon dasn une école de Harlem et qui fait partager sa passion à ses éléves.

 

 


L'interview du 23 Mai 2003 par TRAMPS LIKE US

Sept mois après une tentative avortée, le téléphone a de nouveau sonné à 13 heures chez Cil (The Angel). le vendredi 23 mai 2003. Soozie Tyrell, la violoniste du E Street Band nous confirmait l'interview espérée et nous donnait rendez vous au George V. A notre arrivée à l'hôtel, nous avons salué des amis qui attendaient dehors et sommes entrés dans le hall. Prévenue de notre présence, Soozie s'est présentée quelques minutes après. Nous lui avons proposé de s'installer dans le patio, à quelques mètres de Danny Frederici qui se restaurait avec son épouse….Nous avons alors pris place. Intimidée, elle s'est prêtée gentiment au jeu de l'interview dont vous trouverez ci dessous les meilleurs moments. Elle a d'ailleurs posé la première question puisque intriguée par l'absence de voix de Cil, elle nous a demandé la raison et où nous nous étions déjà rendu pour cette tournée. A notre réponse, elle a simplement dit "très passionnés…".


TRAMPS : Avez vous pu constater des différences de public entre les gens du Nord (début de tournée) et les pays méditerranéens ?

Soozie : Oh oui, l'Espagne et l'Italie ont les publics les plus bruyants, les plus émouvants, la France aussi, et globalement une bonne partie de l'Europe. Nous avons eu vraiment beaucoup de difficulté à quitter l'hôtel à Madrid.

Nous lui avons remis le TRAMPS 3 et elle nous a dit avoir aussi reçu le Stone Pony Magazine et des fleurs (Patti en a aussi reçu) de la part de Fernando. Elle s'est souvenue du Tramps 1 et 2 qu'elle avait reçus pour Noël et nous fait remarquer à juste titre que c'est tout en français.

TRAMPS : Parlez vous français ?
Soozie : un petit peu, ma mère….(en français, la suite est en anglais), ma mère est française et j'ai de la famille qui se trouve à Angoulême et aussi en Normandie. Ma tante qui a 78 ou 79 ans vient d'Angoulême.

Un serveur vient prendre la commande, Soozie feuillette le Tramps 3 et Cil lui explique notre tour d'Octobre 2002 dans le New Jersey. Les photos du Stone Pony et du Paramount Theater lui rappellent ses répétitions de début Mai pour la sortie de son album, elle sourit et semble s'émouvoir à la vue de l'article sur elle. L'interview débute alors vraiment.

TRAMPS : Quelles études avez vous faites, quels instruments avez vous décidé de jouer et quand avez vous décidé de vivre de votre musique ?
Soozie : Quand j'avais 4 ou 5 ans, j'ai su que je voulais faire de la musique et j'ai demandé à mes parents de m'inscrire à des leçons de piano, et ils m'ont dit "tes grandes sœurs vont déjà devenir des musiciennes toi tu seras une artiste"….j'ai commencé le piano à 7 ans quand j'habitais à Taiwan, mon père étant militaire, nous avons beaucoup voyagé d'où le titre "white lines". Vers l'age de 10 ans, dans le Massachusetts, j'ai commencé le violon et la guitare, mon père m'avait offert une guitare électrique pour Noël, je pense que je l'ai encore mais avec tous les déménagements, tu dois laisser des choses…

TRAMPS : Pourquoi avoir choisi le violon, peut être car il se transporte facilement ?
Soozie : il y avait un programme à mon école, j'avais 10 ans, ils offraient des violons et des violoncelles. Le violoncelle étant un trop gros instrument, j'ai choisi le violon et c'est devenu une passion pour moi. Le son du violon est comme le son d'une autre voix.

Le serveur revient avec les boissons et elle le remercie en français

Soozie : oui, comme une autre voix.

TRAMPS : la première approche était classique ?
Soozie : oh oui, classique à l'école mais en Floride quand j'ai commencé le rock and roll, j'ai pris du recul avec l'école et ne suis jamais revenue. J'avais 16 ou 17 ans à l'époque de mon premier groupe de rock.

TRAMPS : Dans vos paroles, vous faites allusion à votre père militaire, en comparaison avec Bruce et ses relations avec son père, est ce que le votre a mal vécu votre choix de carrière ?
Soozie : Bon, je pense que les choses sont bien différentes entre les pères et les filles qu'entre un père et son fils, comme elles sont d'ailleurs différentes entre une mère et sa fille. J'ai grandi avec des sœurs, qui sans être passionnées par ce que je faisais m'ont donné des conseils que j'ai vraiment appréciés.

TRAMPS : Votre mère vous soutenait elle ? peut être moins que votre père ?
Soozie : Non, plus que mon père. Il était indifférent, c'était bien, quand il rentrait du boulot et que je m'exerçais, il entendait un autre hhhhhhhhhhiiiiiiiiiiiiiiii (rires), quand tu es jeune et que tu démarres, ce n'est vraiment pas un beau son. Il l'apprécie beaucoup plus maintenant.

TRAMPS : A part le violon, le piano, avez vous appris d'autres instruments ?
Soozie
: La mandoline, je devais en jouer sur mon disque, mais Larry Campbell est tellement meilleur que moi. (rires). Quand tu connais quelqu'un qui joue mieux que toi, tu l'invites….

TRAMPS : Nous étions a Bruxelles, le Manneken Pis a déversé son jet sur vos violons…..(coupé)
Soozie : Oh oui, je sais, personne ne savait ….

TRAMPS : Steve a couru retirer les violons !!!!
Soozie : Oui, il a couru et a enlevé mes violons et mes paroles !!!!!!!! (rires), bon, tout s'est bien fini.

TRAMPS : Dans votre parcours musical, quelles sont vos principales influences ?
Soozie : oh, il y a tellement d'influences, quand j'étais toute petite, j'écoutais de la musique classique, de la "chamber music", quand j'ai eu 10 ou 11 ans, ce fut les Beatles puis les Rolling Stones, j'aime plus les Stones que les Beatles….Led Zeppelin, Pink Floyd, Elton John, Jethro Tull, vers 17 ou 18 ans, j'ai commencé à écouter Bonnie Raitt, Eta James (!!!!), des grandes chanteuses, à l'école, j'ai choisi la chorale comme option et le professeur m'a dit, "je t'aime bien, Soozie mais tu ne peux plus continuer, alors comme tu as besoin d'une bonne note, mets toi au fonds, dans la section des alto" (rires)

TRAMPS : Jimmy Page de Led Zeppelin était à Paris, il y a quelques jours pour la promotion de son DVD et de son CD et racontait qu'à ses débuts, il avait joué, pour gagner sa croûte, avec des artistes français, vous souvenez vous avoir jouer aussi pour des artistes français ?
Soozie : non, pas que je me souvienne, mais j'ai joué pour tellement de gens à travers les années. En 25 ans à New York, j'ai rencontré tellement de personne, je dirais bien oui mais je dirais bien non aussi. Vous savez, en 25 ans….récemment j'ai rencontré un type que je salue amicalement et il me dit vous savez, j'ai joué avec vous, juste une fois il y 15 ou 20 ans…, on rencontre tellement de gens………A NY, quand tu as besoin d'un guitariste, tu as une liste avec 20 noms, pour les bassistes, les joueurs de pedal steel, les batteurs aussi, en fait tout ce que tu veux.

TRAMPS : Nous avons écouté votre album très attentivement, nous l'apprécions d'ailleurs, il semble être votre premier album solo, pourquoi avez vous entendu si longtemps pour l'enregistrer, est ce le fait d'être membre du ESB qui vous a donné la confiance de le faire ? .
Soozie : oh non, cela n'a aucun rapport avec ce tour ou avec Bruce. J'ai rencontré Jerry Klause de Treasure records, c'est un tout petit label, j'étais le troisième artiste à signer, bon, je l'ai rencontré quand je travaillais sur l'album de Patti Blee et je me suis sentie comme dans une famille, très entourée et j'étais à l'aise, suffisamment à l'aise aussi avec mon écriture. Depuis 20, 25 ans j'écris mais je n'avais jamais ressenti comme maintenant que mon écriture était assez forte, ma voix, mon violon aussi. Ils l'étaient peut être mais je ne les ressentais pas pareils. J'ai alors pensé que mon heure était arrivée, c'est un petit label proche de ses artistes, vous savez un gros label peut vous intimider et vous pouvez vite vous perdre. Il arrive que l'on travaille sur un disque pendant des années et ils n'aiment pas ça, et ne vous soutiennent pas même si le disque est bon. Regardez Michael Jackson, Madonna, ils ont eu des bides….j'ai pensé que c'était le bon moment dans ma vie, j'ai commencé le disque, il n'était pas terminé quand le tour a commencé. J'avais vraiment bien avancé quand Bruce m'a demandé de participer au Tour, les derniers 18 mois ont vraiment été incroyables, les deux objectifs pour lesquels j'ai travaillé très dur toute ma vie se concrétisaient enfin.

TRAMPS : Quand Bruce vous a appelé pour participer au tour, on peut facilement imaginer votre bonheur ?
Soozie : oh oui, j'ai pleuré…(rires).

TRAMPS : Vous avez réalisé votre album parallèlement à la tournée, le choix a t-il été dur, vous avez fait le choix du ESB mais vous pouviez faire la promotion de votre propre carrière et tourner avec votre album, à la fin du Rising Tour, comptez vous tourner, voire venir en France avec votre disque ?
Soozie : Si je peux avoir assez de soutien, si les gens aiment l'album en Europe, j'adorerais revenir, je vais être occupée une bonne partie de l'année, je souhaiterais refaire un disque mais aussi jouer celui ci en concert. Il y a 3 semaines, le Tour a eu un break de 2 semaines pendant lesquelles j'ai donné des interviews, joué en live, je veux vraiment porter ce disque le plus possible mais Bruce est ma priorité…A la fin du Rising Tour, j'espère revenir en France..

TRAMPS : Vous avez enregistré avec beaucoup d'artistes renommés. Avez-vous gardé des souvenirs particuliers d'expériences studio ? Cherchez-vous à garder les mêmes motivations en jouant avec des artistes qui appartiennent plus ou moins à une même famille musicale ?
Soozie
: Quand je joue ma propre musique, j'essaie en effet de développer cet aspect, depuis que j'ai commencé ma carrière à New York, d'abord dans les rues, puis dans les clubs. J'ai gardé des souvenirs mémorables de certaines expériences, comme lorsque j'ai joué avec Carole King, sur son album "City Lights" (sur son dernier album, je chante dans les chœurs). Quand on était en studio, sur le titre principal de l'album, elle m'a demandé de faire un solo, mais sa maison de disque a trouvé ça trop country et ils ont finalement remplacé mon solo, mais elle a été adorable, car avant d'effacer mon solo, elle a fait un remix du morceau.

TRAMPS : Avant d'accompagner Bruce sur la tournée, avez-vous joué en live avec d'autres artistes ?
Soozie
: J'ai joué avec Southside Johnny, j'ai fait un très bon bœuf avec Elvis Costello, Buster Pointdexter à l'occasion d'un show au théâtre de Broadway, certains artistes m'ont rejoint quand je jouais avec mon groupe, comme Bob Weir de Grateful Dead, Carole King, Larry Coryell, Roger Miller. J'étais en passe d'être sous contrat avec Mick Jagger pour sa première tournée (Primitive Cool Tour) mais ça a été annulé. Ça remonte à 1987 (rires).

TRAMPS : Vous êtes tous de la même génération avec Bruce, Patti et tout le groupe. C'est certainement pour cette raison que vous êtes tous très proches ?
Soozie
: Oui, Patti et moi nous sommes rencontrés il y a environ 20 ans, à New York. Je devais avoir une vingtaine d'années.

TRAMPS : Votre amitié est-elle davantage basée sur la musique ou sur le fait que vous avez évolué ensemble dans le milieu ?
Soozie
: Je crois qu'il y a eu un peu des deux. On s'est rencontré par l'intermédiaire d'autres musiciens qui jouaient avec elle et qui m'ont invitée à venir la voir sur scène, donc je l'ai vue jouer avant de la connaître, et c'est à cette occasion que je l'ai rencontrée. J'étais bluffée, et cet ami commun m'a dit qu'on s'entendrait très bien, et il a tenu à me la présenter. On est devenu amies dès cet instant.

TRAMPS : Le violon est souvent associé à la musique classique. Votre musique sonne très country. Quelles modifications avez-vous du apporter pour que le style musical corresponde mieux avec le rock ?
Soozie
: J'ai grandi avec beaucoup de musique qui utilisait le violon, notamment en country, mais j'en écoutais assez peu. J'écoutais Papa John Creach, Jefferson Airplane, Jean-Luc Ponty, Michal Urbaniak, les tout premiers albums de Kansas, où figurait beaucoup de violon de style rock. Quand j'ai joué dans des orchestres, vers 16-18 ans, ce que j'écoutais était très restreint. Puis j'ai commencé à écouter du rock et je voulais trouver le moyen d'adapter mon jeu de violon à ce style. Quand j'allais aux répétitions d'orchestre, j'avais plus ou moins adapté mes partitions au rock ! L'intérêt du rock, c'est que quand j'en jouais, je me sentais totalement libre, c'est pour cette raison que j'ai voulu continuer dans ce genre musical. En classique, il y avait une compétition énorme, et je n'aurais pas connu le succès que j'ai maintenant si j'étais restée dans le classique (rires) !

TRAMPS : Les sujets dont vous parlez (cette sorte de road movie dans "White Lines", la façon dont les personnages perdent tout ce qu'ils ont dans "Sainte Genevieve"…), les paroles de vos chansons sont assez similaires à ceux de la musique de Bruce dans la façon d'écrire. Avez-vous été influencée ?
Soozie
: C'est flatteur, mais je crois que j'ai avant tout été inspirée par les grands auteurs, dont Bruce fait incontestablement partie, mais aussi par la façon d'écrire de Patti, et lorsque vous écrivez, vous prenez un peu de chaque artiste, un peu de tous les artistes. Evidemment, la proximité de Bruce dans le travail pendant toutes ces années m'a inspirée. Mais sur cet album, c'est ma vie qui est retranscrite. La seule chanson qui n'est pas autobiographique est "Sainte Genevieve", celle-ci est née du fait de voir les gens souffrir. J'ai commencé à l'écrire il y a des années mais je l'ai terminée après le 11 septembre. Mon écriture a été influencée par les événements car j'habitais Manhattan, à quelques 15 ou 20 blocs des Tours. Ça a profondément changé les gens qui vivent à New York, ils se sont entraidés.

TRAMPS : Vous semblez un peu plus pessimiste que Bruce quand vous écrivez au sujet de l'amour. Est-ce ce que vous ressentez ou est-ce simplement une chanson sans signification particulière ?
Soozie
: En fait, cette chanson est très intime car je sortais d'une relation longue de 15 ans qui s'est terminée juste après le 11 septembre, et je l'ai faite figurer sur l'album l'année suivante. Beaucoup de tout ce que j'ai ressenti alors figure dans la chanson : de la tristesse, de la colère, et c'était comme une libération d'écrire cette chanson. Quand j'ai eu fini de l'écrire et qu'elle a été concrétisée en studio, je me suis dit, "Oh mon Dieu, maintenant je vais devoir raconter ça aux gens, ils vont tout savoir de moi, je me suis complètement mise à nue !". Mais en même temps, cela reflète ce que je suis, et je crois que tout le monde peut s'y retrouver aussi.

TRAMPS : Avez-vous enregistré plus de chansons qu'il ne figure sur l'album ?
Soozie
: J'avais un peu la pression pour le terminer rapidement, j'avais en effet quelques titres supplémentaires qui figureront sur le prochain album.

TRAMPS : Les musiciens qui figurent sur l'album sont prestigieux. Comment les avez-vous choisis ?
Soozie
: Je connais Tony Garnier et Larry Campbell depuis 20 ans, ils jouaient avec moi dans un des groupes country dont j'étais la leader à New York. Tony et moi avons joué avec Buster Pointdexter. Richard Crooks, le batteur, jouait dans le Queens ( ?), il y a une vingtaine d'années. Sur cet album, je voulais être entourée d'amis, comme une famille. Ce sont des musiciens extraordinaires. Hiram Bullock aussi, je le connais depuis des années, il a été un grand soutien pour moi quand je suis arrivée à New York.

TRAMPS : A quand remonte votre première participation sur un titre de Springsteen ? Vous avez joué sur "Shut Out The Lights", qui était la face B de "Born in the USA", en 1984…
Soozie
: … non, le premier album sur lequel j'ai joué était Lucky Town, puis sur The Ghost Of Tom Joad. Mais je l'ai rencontré quand Patti a rejoint le groupe, notre première rencontre musicale remonte au moment où il m'a demandé de jouer, chez lui, au moment où il préparait la tournée Tunnel Of Love. Il était à la guitare, moi, au violon, on a joué pendant environ deux heures. Je n'ai pas suivi la tournée Tunnel Of Love, j'aurais aimé mais il n'y a pas de violon sur cet album. La première fois où nous avons joué ensemble en live, c'était à l'occasion d'un concert caritatif, peut-être en 1996, au Madison Square Garden. J'étais plutôt… effrayée ! (rires) J'avais appris les 3 ou 4 chansons que je devais jouer, et je me revois avec Patti, en train de nous préparer, et quelqu'un est entré dans le dressing room et m'a dit, " Bruce demande à te voir ". Il m'a alors citer une chanson que je n'avais pas préparer, c'était 15 minutes avant de monter sur scène. C'était la première fois que je jouais devant tant de gens je me suis retrouvée devant 80.000 personnes, dans la lumière du spot, toute la scène était dans la pénombre et mes genoux tremblaient ! J'essayais d'écouter ce que je jouais, j'avais probablement 16 mesures à jouer pour introduire le show, c'était si excitant mais j'avais tellement peur !

TRAMPS : Dans le livret de The Rising, vous êtes créditée non comme un membre du E Street Band, mais comme une musicienne invitée. Pourtant votre participation, aussi bien sur l'album que sur scène, est un point d'orgue de la musique de Bruce sur cet album, c'est comme une nouvelle âme apportée au groupe. Quelle est votre position ? Etes-vous aujourd'hui un membre du groupe à part entière ?
Soozie
: Je l'ignore ! (rires) Vraiment, je ne sais pas. Je ne crois pas, je crois que je dois faire mes preuves. Je n'ai joué que sur quelques albums, c'est ma première tournée, alors que les autres membres sont là depuis 30 ans, Patti et Nils depuis 18 ans. Bien que je me sente faire partie du groupe, je ne crois pas l'être, pas encore.

TRAMPS : On ignore ce qu'il en est pour Springsteen, mais pour ce qui est du public, il semble que vous ayez réussi à trouver votre place. L'avez-vous trouvée seule ? Avez-vous travaillé ça avec Springsteen ?
Soozie
: Sur l'album, le violon est joué sur une piste à part et ajouté à l'ensemble car Bruce savait exactement quel résultat il souhaitait entendre. Sur The Ghost Of Tom Joad, j'étais plus libre d'improviser, alors que sur "Waiting On A Sunny Day" par exemple, il avait lui-même écrit les partitions de violon, car le tout forme un ensemble indissociable des autres instruments et des paroles. Il y avait quelques rares plages vierges où il m'a laissé un peu improviser mais il a beaucoup cadré mon travail, et ça m'a facilité un peu les choses.

TRAMPS : La musique de Springsteen est parfois très symphonique (comme par exemple "Jungleland"). Est-ce que cela vous a inspirée, et en quoi cela vous a-t-il inspirée pour votre jeu ?
Soozie
: On a commencé à jouer "Jungleland" il y a très peu de temps, j'ai appris les partitions mais ce qui a été difficile était de savoir quelles partitions jouer, choisir le jeu d'un seul violon pour que la chanson soit bien rendue et pour ne pas prendre la place d'un des autres musiciens, des guitares, de l'orgue… Le violon est comme une voix et je ne voulais pas qu'elle empiète sur la voix de Bruce, ni avec celle de Steve. On a joué ce titre lors du dernier show (Schalke, Allemagne) et il faut encore que je fasse quelques changements, que je prenne des notes et que j'apprenne, que je puise dans l'original. C'est un véritable défi.

TRAMPS : Le violon n'est pas un instrument nouveau dans la musique de Bruce, puisqu'en 1975, Suki Lahav jouait dans le groupe. Avez-vous écouté quelques-uns des concerts auxquels elle a participé ?
Soozie
: Pas vraiment. Ce n'est qu'assez récemment que j'ai entendu des enregistrements de certains de ses concerts. J'ai cru comprendre qu'elle n'était restée dans le groupe que pendant une période assez brève.

TRAMPS : Vous jouez aujourd'hui dans des enceintes gigantesques et auparavant, vous avez joué dans des petites salles pour The Ghost Of Tom Joad. Avez-vous une préférence pour l'une ou l'autre de ces configurations de salle ?
Soozie
: C'est tellement différent. Je fais encore des efforts pour m'adapter aux énormes stades où la foule est tellement plus vaste et plus bruyante, je fais en sorte d'adapter mon jeu et le son de mon violon. Nous avons un excellent ingénieur du son, John Cooper, qui fait un boulot formidable à ce niveau-là.

TRAMPS : Quel souvenir majeur gardez-vous de vos concerts à Asbury Park ?
Soozie
: J'en ai un souvenir très joyeux, globalement, même sur les titres les plus tristes. J'y ai joué dans des salles très petites, seule. Je m'y suis sentie bien moins nerveuse qu'aujourd'hui ! (rires)

TRAMPS : Patti était absente en début de tournée. Qu'est-ce que cela a changé pour vous pendant ces concerts ? Avez-vous eu plus de choses à faire, plus de chœurs ?
Soozie
: Oui car il y a beaucoup de passages "clé" qu'elle doit assumer dans les chansons, et que Bruce m'a demandé de prendre en charge, en partie. Nous avons beaucoup travaillé les harmonies vocales avec Nils et Steve. J'avais également beaucoup suivi les performances de Patti et j'ai suivi le travail qu'elle faisait lors des balances, et après les balances. Cela a représenté un grand défi pour moi, mais j'aime beaucoup les défis. Elle m'a beaucoup manqué pendant ces concerts. Par exemple, sur "Waiting On A Sunny Day", quand on s'approche du bord de la scène et qu'on joue ensemble, c'est toujours un moment très amusant. Le premier concert où elle n'était pas là, je me suis sentie un peu perdue ! (rires) J'étais complètement déconcertée.

TRAMPS : Quel est votre plus grand souvenir sur scène ? Est-ce un public, qui vous aurait particulièrement marquée ? Une chanson en particulier ? Une soirée un peu spéciale ?
Soozie
: C'est difficile à dire. Chaque concert est différent. J'aime beaucoup quand Bruce décide de jouer un titre un peu plus country, "Darlington County" ou "Cadillac Ranch", et j'aime beaucoup partir dans des improvisations avec Clarence…

TRAMPS : Springsteen part souvent dans des impros, on a très souvent remarqué
Ça en regardant les setlists.
Soozie
: Oui, il ne suit jamais les setlists !

TRAMPS : Ca doit être pour faire en sorte que tout le monde soit bien attentif sur scène ?
Soozie
: Peut-être. Je crois plutôt qu'il est à l'écoute de ce qu'il ressent sur le moment.

TRAMPS : Tout peut changer d'un moment à l'autre.
Soozie
: Oui, c'est ce qu'on se disait avec Nils, l'autre jour : il te garde (on your toes) ou (on your ass) ! (rires). Parce que si, à un moment ou à un autre, tu ne fais pas attention, c'est foutu, tu n'es plus dans le mouvement !

TRAMPS : Quand on arrive aux abords des stades, dans l'après-midi, on peut entendre les balances, mais il y a certains titres qui sont joués le soir même en exclu, qui n'ont jamais été joués pendant la tournée (comme "Sandy" à Bruxelles), mais qu'on n'entend pourtant jamais pendant les balances. Où répétez-vous ces titres ? A l'hôtel ?
Soozi
e : Non. La première fois que j'ai joué "Jungleland", je ne l'avais jamais répétée avec le groupe. C'est un défi aussi pour le groupe. Bruce cite certains titres quelques fois, nous parle de l'hypothèse de telle ou telle chanson que l'on pourrait éventuellement jouer sur scène. Tout le monde a ses CDs avec lui, on les écoute, chacun travaille et répète sa partie.

TRAMPS : Comment s'est passée votre rencontre avec le groupe ? Y a-t-il eu une rencontre organisée ?
Soozie
: Non, tout les membres me connaissaient plus ou moins depuis la tournée Born in the USA. A l'époque, j'assistais à beaucoup de leurs concerts puisque j'étais très amie avec Patti. Steve et moi avions des projets en œuvre ensemble avec Southside Johnny. Donc on se connaissait déjà bien et je dois dire que quand j'ai rejoint le groupe sur cette tournée, ils ont été très encourageants, ils m'ont mise au courant de ce à quoi m'attendre. Patti me disait souvent, "Tu vois, là-haut, Max rythme l'ensemble, tu as tes repères. Si tu ne le regardes pas, c'est fichu !" (rires)

TRAMPS : Tout le monde regarde Max !
Soozie
: Oui, c'est le pilier, c'est lui qui donne le rythme.

TRAMPS : Et Max regarde Bruce pour tout le monde…
Soozie
: J'ai une bonne place sur scène car je suis un peu en retrait, donc j'ai une vue générale, je peux facilement observer Max, et je vois également Bruce.

TRAMPS : Vous partagez la vie du groupe, en tournée. Est-ce que vous voyez les E Streeters uniquement quand vous répétez, aux balances, lors des concerts, ou vous les voyez également en dehors d'un contexte purement professionnel ?
Soozie
: Il arrive qu'on dîne ensemble. Par exemple avant hier, j'ai dîné avec Steve, il arrive qu'on se retrouve autour d'une table avec Danny, Garry… On s'appelle de temps en temps. Mais parfois, c'est bon de prendre un peu de distance et de se reposer. Hier, c'était assez épuisant : on s'est réveillé à madrid, on s'est mis en route pour le concert, la préparation de la soirée, puis on a sauté dans l'avion après une heure de route… ça fait une longue journée. Tu te rends compte que tu n'es plus tout jeune ! (rires). Je ne sais pas si Bruce ressent ça !

TRAMPS : On se demande tous ce qui se passera dans un avenir proche. On a beaucoup entendu parler de rumeurs selon lesquelles Bruce referait une tournée solo, mais il ne fait jamais deux fois la même chose… Certains pensent qu'il va repartir sur la route avec un groupe restreint… ?
Soozie : Je n'en absolument aucune idée.